Le Transhumanisme ou l’homme en quête d’immortalité

Apparu en 1950 aux Etats-Unis, le Transhumanisme n’est pas seulement un « mouvement culturel et intellectuel », mais une philosophie, la philosophie qui voit dans les technosciences, le moyen de mettre fin à la souffrance humaine en général, et en particulier au vieillissement, à la souffrance, la maladie, le handicap, tout ce qui peut avilir le corps de l’homme… la mort. C’est dire que l’utilisation des solutions de Botox pour rajeunir le visage, trouve autant grâce à ses yeux, que cette recherche qui vise à procurer à l’homme dans les années à venir, de la viande sans animal.

Si certaines recherches scientifiques peuvent être au service du bien-être de l’homme, il est à craindre cependant que d’autres expériences ne soient pour l’humanité plus une source d’inquiétude que d’assurance. Mais avant de savoir jusqu’où l’homme est capable d’aller pour rester en Vie éternellement, il est important de comprendre ce que prêche le transhumanisme.

Accroître l’homme par tous les moyens

Pour les transhumanistes, les biotechnologies tout comme la nouvelle technologie doit être au service du bonheur de l’homme. Les défenseurs de ce courant de pensée puiseraient dans l’Antiquité les fondements de leur pensée, notamment avec la quête de l’immortalité, la fontaine de jouvence. Puis, dans la Renaissance, ils s’inspirent du Pic de la Mirandole, invitant l’homme à sculpter sa « propre statue ». Une invitation faite aussi par Plotin pour qui l’homme doit devenir artisan de sa « propre beauté », en enlevant « tout ce qui est superflu », en redressant « ce qui est oblique ». Il faut dire que cette tentative de redonner à l’homme le pouvoir de corriger ses imperfections, contrairement à l’idée antique qui rendait Dieu responsable de nos imperfections, et en faisaient le prix du péché, sert aujourd’hui les rhinoplasticiens s’inspirant des travaux de Da Vinci pour corriger les imperfections du nez. En s’inspirant de ces penseurs, de Darwin ou encore de Nietzsche avec son idée du « surhomme », les transhumanistes ont ainsi trouvés dans la science le moyen qu’à l’homme de reprendre sa revanche sur Dieu. L’homme désormais peut accroître ses performances, modifier sa propre nature. D’où cette définition du transhumain que propose Julian Huxley un « homme qui reste un homme, mais se transcende lui-même en déployant de nouveaux possibles de et pour sa nature ». Mais qu’advient-il quand l’homme a le pouvoir de modifier certains de ses génotypes ? Le posthumanisme rêvé n’est-il pas simplement l’absence d’humanisme, d’humanité ?

Les dangers du transhumanisme

Pour François Berger, « l’humain amélioré n’est pas l’objectif de la médecine. (…), intervenir sur une personne saine est potentiellement très dangereux ». La crainte formulée sur l’usage de la science et de la technologie sur l’humain, porte ici essentiellement sur son application sur les personnes saines, l’absence de régulation dans le domaine, et surtout, la mainmise des grandes firmes, par le financement des recherches, l’exploitation commerciale de ces recherches, qui le cas échéant, risquent de servir simplement des intérêts égoïstes, sans se soucier des conséquences de certaines technologies pour la vie de l’homme.

On peut se féliciter de l’utilisation des nouvelles technologies, des électrodes dans le traitement du Parkinson, des micronanotechnologies dans le traitement des maladies neurodégénératives, mais on ne peut prendre le risque de laisser à la science d’agir sur des personnes saines, sans courir de sérieux dangers de transformer l’humain en rat de laboratoire ou de créer des humains robotisés. On ne peut pas, selon François Berger, penser à accroître la mémoire de l’humain par les moyens de la technologie. Ce serait du « charlatanisme dangereux ».