Le progrès scientifique ne s’arrête jamais. Le dévouement pour la science cumule incessamment des résultats spectaculaires dont certains restent encore stockés dans les tiroirs des chercheurs soit pour ne pas choquer l’opinion publique soit pour donner libre cours à certaines mauvaises pratiques répondant à la cupidité des capitalistes et des pouvoirs tenant les rênes de la politique internationale. Ceci pose la question de la responsabilité de l’homme scientifique et du rôle de la science.
Alors que ce débat se lance depuis des années en Occident, les pays sous-développés sombrent toujours dans le rôle du consommateur perplexe, affaibli, et pourtant maîtrisant à merveille l’art de subir son sort au détriment d’une génération perdue et sans perspectives d’avenir.
Une jeunesse perdue
Soyons réalistes, le décalage entre les deux clans ne se sera jamais réduit. Les pays sous-développés au vingtième siècle peinent à sortir de la crise économique. L’étau se resserre encore plus et ces pays doivent constamment justifier à la communauté internationale qu’ils ne sont pas des fanatiques et qu’ils sont les « amis » éternels.
Très sage et très fidèles aux consignes des fortes puissances, ils attendent impatiemment que la caverne d’ALI BABA s’ouvre pour pouvoir nourrir le peuple et camoufler les outrages des bandes mafieuses et criminelles. Quant aux jeunes le message est bien clair, soyez jeunes et taisez-vous ! On ne peut compter sur vous !
Le pays, tombe dans l’ornière de l’incertain. Les élites quittent. Les pauvres se détruisent eux-mêmes. Les jeunes se jettent à la mer. Les diplômés trainent dans les rues et le favoritisme refoule les compétences. Une, deux, trois, quatre, cinq, cigarettes et plus ! Les jeunes puisent toute leur énergie dans les fumés du tabac en espérant oublier et se sentir bien dans un moment d’autodestruction volontaire. Le tableau est sombre. Mais, les faits sont bien là !
Peut-on demander à celui qui ne peut nourrir ses enfants, de participer aux débats scientifiques, de passer des nuits à chercher, à écrire pour le plaisir de s’instruire ?
Dévoré par le monstre de la pauvreté et par la lourdeur du sacrifice interminable aura-t-il l’esprit ouvert pour prendre du recul par rapport à son héritage culturel, pour dépasser les limites de ses croyances et participer à ce qu’on appelle « le progrès scientifique et technologique » de son pays ?
Par une plume qui m’emporte parfois vers un monde merveilleux, j’ai eu le tort de parler de la science, de vouloir inciter mon pays à s’occuper de ce qui ne sera jamais dans ses priorités d’ici un siècle en avant.
Et moi, comme beaucoup d’autres comme moi, j’étouffe et je suffoque désespérément. Je suis un atome que mon pays ne voit pas, une créature minuscule débordant d’amertume et voyant tous ses rêves filer entre les doigts. Une situation épouvantable que même une révolution n’a pu réparer. Depuis longtemps, j’ai abandonné l’image primitive que j’ai construite de cette dite « révolution ».
Un changement historique qui déçoit
Nous avons tous espéré. Nous avons créé des slogans, nous nous sommes exprimés et nous avons proposé des idées et des solutions. Sans expérience ou pas, notre émotion était forte, enthousiaste et formidablement intense. Une image d’une Tunisie radieuse effleurait l’esprit de chacun d’entre nous. Mais, comme disait la célèbre citation de Pierre Victurnien Vergniaud, « la révolution est comme saturne, elle dévore ses propres enfants ».
Bien au-delà de la case de départ nous nous retrouvons aujourd’hui : les mathématiciens, les ingénieurs, les médecins, les instituteurs abandonnent leurs voies et se jettent dans les entrailles vachement inconfortables des centres d’appels.
Ceux qui trouvent la force de vouloir changer pensent à des projets. Osant songer au succès, ils se mettent ardemment à travailler. Alors que la moule est encore stérile, une voix appelle du haut : ravie de vous repérer bons citoyens. Payez taxes et impôts !
Tout comme des jeunes comme moi, je suis la plume empiégée dans un tourbillon ! Mais, le soleil et les plages de mon pays ne se trouvent nul ailleurs. Son air frais n’existe dans aucun endroit du monde. Mon pays je t’aime et je te chéri malgré ma frustration insensée.
Mon pays, je sacrifie mes rêves pour toi, pour tes rues polluées, pour tes administrations archaïques. Je savoure les petits moments de bonheur que je vis, l’odeur de tes mers splendides et la sensation de sentir ton oxygène frôlant mes narines pour ne jamais te quitter…
Ton amour est ensorcelant, éternel et très puissant. Peut-être que comme disait ma grand-mère, la bénédiction des marabouts prend soin de toi…