« Fairuz », je t’écoute toujours mais…

Une chanson célèbre de Fairuz, parle d’une rencontre qu’a faite une femme avec son premier amour après des années de séparation. Elle lui pose la question, « toi, comment vas-tu, on dit que tu as eu des enfants. Je pensais que tu étais à l’étranger… ».

Avant, cette chanson m’inspirait beaucoup de belles choses. J’imaginais dans ma tête qu’il était possible, pour ces deux amoureux, de se rattraper, de saisir  le temps perdu et de revivre leur belle histoire d’amour dans le bonheur absolu. Avec l’âge, on devient mature et plus réaliste. On cède tellement à la pression du quotidien, qu’on ne songe  même pas à  nous accorder quelques moments pour rêvasser un peu, pour nous évader dans l’émotion. Aujourd’hui, je n’ai que des idées « réalistes ».  Pour moi,  l’héroïne ne cherchera jamais  à rencontrer son homme d’antan…

Deux jeunes amoureux

Vive la jeunesse ! Elle nous donne l’énergie, l’épanouissent,  la bonne volonté pour  prendre les risques, pour  vivre un amour platonique tout en percevant un avenir rosé. Jeunes, nous avons la santé, nous comptons sur nos parents et nous avons beaucoup de liberté. L’héroïne de la chanson telle que je l’imaginais, avait des cheveux longs, une silhouette mince, une peau de bébé, un regard éclatant de vie et d’espoir. Elle se voyait belle. Elle avait confiance en elle, en son charme et en sa capacité de séduction. Son prince charmant musclé et sportif, ne pouvait être que très attiré par sa beauté physique et par sa forte personnalité digne de tous les compliments possibles.

Un homme la quarantaine

pere-familleQuand je pense à l’homme auquel est dédiée la chanson,  je construis une image de lui.  Il a bien grossi. Il ne s’occupe plus de sa beauté physique. Son visage laisse percevoir des poches sous les yeux Ses muscles se sont distendus avec le temps.  Son ventre laisse surgir un tablier qui ne pourra jamais être éliminé sans recours à une chirurgie esthétique. Des années avant, il était  préoccupé par la rédaction des lettres d’amour. Aujourd’hui, il établit la liste des dépenses, rédige des demandes d’emploi pour tourner les dos à un boss arrogant. Il rentre chez lui, sa femme ouvre la porte sans jamais oublier de se plaindre. Notre héros ne voit pas à travers ses pensées l’image de la première femme de sa vie. Mais, il regrette le jour où il a décidé de s’engager officiellement, de perdre sa liberté et de ne plus rencontrer de jolies femmes.

Une femme à la quarantaine

50Elle, je la vois comme suit : elle a pris beaucoup de poids à cause de plusieurs grossesses. Son ventre et ses bras sont relâchés. Elle ne  porte plus de robes ajustées ni de mini-jupes comme avant. Sa poitrine avant tonique et ferme, est aujourd’hui excessivement  affaissée. La pendule du temps insaisissable marque aussi les traits de son visage. Elle a les yeux tombants et fatigués. Des rides viennent s’instaurer sur son front. Un double menton et des joues vidés reflètent un visage ordinaire d’une femme à la quarantaine et même à la cinquantaine puisque sa taille de 48 lui donne un âge de plus.

La rencontre n’est plus envisageable. À mon avis, lorsqu’elle percevra son premier amour elle se cachera pour qu’il ne puisse pas voir son nouvel aspect physique. Elle préfèrera, selon moi,  qu’il garde d’elle l’image de la jeune fille épanouie, belle et  éclatante de vie.

Notre héroïne continuera à chanter chez elle la chanson « kifak Inta » en lavant la vaisselle ou en rangeant les vêtements de ses enfants.  Notre héros ne saura jamais ce qu’elle pense parfois à lui…